top of page

Livres neufs VS livres d'occasions : la bataille du moment !

ree


C’est un débat qui agite le monde du livre depuis quelque temps : le marché de l’occasion serait-il en train d'empiéter sur celui du neuf ? En tant qu’amoureuse des livres et lectrice compulsive, je dois l’avouer : je n’arrive pas à trancher sur la question. Entre l'utilité publique de faire circuler les livres (plus que jamais, à l'heure actuelle...) et le soutien financier qu'on besoin (et plus que jamais également...) les auteurs et les librairies indépendantes, le sujet est complexe.


Il y a d’abord ce que j’aime dans le livre d’occasion : c’est un roman qui a déjà été tenu par d’autres mains, il a vécu, il a circulé... j'adore découvrir des petites annotations par-ci, par-là : c'est comme une seconde lecture enrichissante qui s'ajoute.

C’est aussi une manière de lire sans se ruiner, à une époque où tout augmente, y compris le prix du papier. Un livre neuf grand format aujourd'hui, c'est environ 22€, et en version poche, 8€. Les plateformes de revente et les bouquinistes rendent la lecture plus accessible et il est difficile de s’en plaindre. Et puis, c’est aussi une démarche écologique : donner une nouvelle vie aux livres, c'est éviter qu’ils finissent au fond d’un carton ou à la déchetterie ! J’ai envie de croire que le livre d’occasion, c’est participer à une circulation durable du savoir et des histoires, accessible pour toutes et tous.


Et pourtant… il y a un couac. Car derrière chaque livre, il y a un auteur, et pour la plus grande majorité d'entre eux, ils ne vivent pas de leur plume. Or, dans le monde du livre d'occasion, les auteurs ne touchent rien. Pas un seul centime. C’est comme si leur travail cessait d’exister économiquement, même s’il continue à circuler entre les mains des lecteurs. Et il y a aussi les librairies indépendantes : ce sont, pour eux, des ventes perdues.


En effet, elles aussi, vivent une période fragile. C’est sans doute l’un des commerces les plus utile pour une société… mais aussi l’un des moins rentables. Les marges sont faibles, les charges lourdes, et la concurrence des géants du commerce en ligne s'est ajoutée depuis quelques années. Acheter un livre neuf en librairie, c’est donc bien plus qu’un simple achat : c’est un geste de soutien à des lieux de vie et à des libraires.


De ce fait, certains éditeurs et écrivains voudraient instaurer un “droit de revente”, une sorte de micro rémunération à chaque transaction (25 centimes par exemplaire de livre d'occasion vendu, par exemple). L’idée paraît juste… mais la loi européenne bloque : le droit d’auteur "s’épuise" dès la première vente. En résumé, une fois le livre acheté, il appartient entièrement à l’acheteur.


Et pendant ce temps, les plateformes de revente de livres d'occasion prospèrent. Momox, Vinted, Amazon, etc... revendent parfois des titres quasiment tout neufs, moins chers que le prix fixé par la loi Lang : votée en 1981, la loi impose que le même livre soit vendu au même prix partout, que l'on achète en librairie, grande surface, supermarché ou sur Internet. Cette loi, qui a sauvé bien des librairies, repose sur une idée simple : le livre n’est pas un produit commercial comme les autres. Beaucoup de personnes ignorent l'existence de cette loi et sont persuadées que le livre est plus coûteux en librairie, alors que ce n'est pas du tout le cas ! Je le pensais aussi avant mes études pour devenir bibliothécaire...


Résultat, donc, de ce marché du livre d'occasion : les auteurs ne sont pas rémunérés et certaines librairies peinent à suivre. Alors oui, les ventes de livres neufs baissent. Mais est-ce vraiment uniquement à cause du marché de l’occasion ? On peut se pencher par exemple sur plusieurs autres causes possibles :


  • La concurrence de l'écran avec les plateformes de streaming, les réseaux sociaux, les jeux vidéo… tout cela grignote le temps disponible pour la lecture.


  • La fatigue mentale et le manque de disponibilité : entre travail et charge mentale, il devient difficile de se concentrer. On n'investit pas 22€ dans un livre que l'on n'est pas sûr de lire...


  • Un rapport au livre qui change : le livre n’est plus forcément un symbole de statut ou d’identité culturelle comme il pouvait l’être pour les générations de nos parents, et grands-parents. Les gens lisent autrement : cela ne veut pas dire qu’ils ne lisent plus, mais qu’ils le font différemment, je pense notamment à la pratique de la lecture sur écran.

La Ligue des auteurs professionnels rappellent que la vraie question à se poser est la répartition des revenus du livre neuf : quand un auteur touche à peine 8 % du prix de son œuvre, peut-on vraiment accuser la seconde main de tous les maux...?


Peut-être qu’entre le livre neuf et le livre d'occasion, un équilibre est encore à trouver. Acheter neuf quand on le peut financièrement pour soutenir les auteurs et les librairies, et acheter des livres d'occasion aux petits bouquinistes en évitant au maximum les grosses plateformes... Car oui, ce n'est pas la même chose.


Quant à moi, j'avoue que ma pratique d'achat de livres a légèrement évolué depuis ces 2/3 dernières années. Il y a quelque temps, mon appartement donnait sur un parc où très régulièrement, des bouquinistes s’installent. C'était toujours une surprise et une joie lorsque j'ouvrais la fenêtre de ma chambre le matin et que je les apercevais. Je m'empressais d'aller les voir pour dénicher des pépites. Tous mes livres d'occasions viennent de là. Désormais, j'habite ailleurs et je dois tomber sur des livres d'occasion seulement une ou deux fois par an lorsque je me retrouve un peu par hasard dans une brocante. De plus, en cette période où je ne suis pas une bibliothécaire officielle, j'ai (ironiquement) un salaire plus élevé et je peux davantage me permettre d'acheter uniquement des livres neufs, ce qui était moins le cas avant.


Quoi qu'il en soit, le débat livres neufs VS livres d'occasion est loin d'être terminé !


Voici une toute petite sélection de quelques livres d’occasion que je possède. Chacun de ces livres d'occasion sont associés à de très bons souvenirs, qu’il s’agisse du moment où je l’ai déniché ou du plaisir que m’a procuré sa lecture :



  • L'écume des jours, de Boris Vian, dans sa vielle édition 10/18 datée de 1963 : c'est LE tout premier livre d'occasion que j'ai trouvé lors de ma première virée chez les bouquinistes qui s'étaient installés en bas de mon ancien chez moi. Un grand soleil d'automne, des gens heureux se baladant dans le parc, et mon amoureux m'empressant de le prendre car il avait adoré ce roman. Nostalgie...


  • Une année à la campagne, de Sue Hubbell, édition Folio datée de 2011 : tout bonnement l'une de mes meilleures lecture de ma vie. Et je l'ai acheté carrément au hasard... pour 2€.


  • Orgueil et préjugés de Jane Austen, édition 10/18 datée de 1996 : tout simplement ma découverte avec l'autrice. J'ai ensuite acheté en librairie d'autres titres de ses oeuvres en livres neufs.


  • Le Gang des rêves de Luca Di Fulvio, éditions Pocket de 2017 : là aussi, l'une de mes plus belles lectures.


  • La Voleuse de livres de Markus Zusak, édition de Noyelles de 2007 : pas vraiment un livre d'occasion, mais trouvé totalement au hasard dans une boîte aux livres, le long d'une rivière...



(Et il y en a tant d'autres ! Ma bibliothèque personnelle est tout de même composée d'environ 90% de livres neufs, et cela n'est pas à la portée de tous, j'en ai bien conscience...)


Et vous, quel est votre rapport avec l'achat ou non de livre d'occasion ?



Commentaires


bottom of page